février 11 2019

Rencontre avec le responsable du pôle « agro-écologie » du CEAS

Salif m’a organisé un rendez-vous avec l’agronome qui a remplacé celui avec qui j’ai travaillé il y a 7 ans, afin que je puisse discuter avec lui du programme de formation autour de l’élevage avicole que les villageois souhaitent pouvoir suivre, et que l’association prévoit de prendre en charge.

Aménagement d’un poulailler adapté, préparation des aliments, soins vétérinaires, reproduction, suivi sanitaire, … cette formation très complète a pour objectif d’optimiser la gestion d’un parc avicole de façon plus contrôlée que l’élevage traditionnellement pratiqué (volailles en quasi complète liberté). Cela favorisera un meilleur apport en protéines, avec les oeufs et la chair, mais aussi un capital financier potentiel par la vente en cas de besoin.

Les villageois qui suivront cette formation recevront en cadeau les tôles nécessaire à la construction de leur poulailler, ainsi qu’un lot de poules et coq pour lancer leur élevage.

Une fois de plus, la discussion s’est révélée riche, et très constructive. Depuis que je travaille avec le CEAS, le village bénéficie d’un suivi et d’un accompagnement régulier par un agronome, qui se déplace au village et donne des conseils le cas échéant.

Nous avons ainsi également discuté du dernier projet mis en oeuvre par l’autre association agissant au village, Charleval-Andelle-Massili. Il s’agit d’un système d’irrigation par goutte à goutte, alimenté par un système de récupération d’eau issu des bâtiments en voûte nubienne installés dans le village.

Nous avons ensuite évoqué d’autres sujets, comme notamment la question de la conservation des récoltes, et l’impact des « ravageurs » (rongeurs, insectes, pourriture, …) sur les stocks engrangés après les récoltes.

Et étonnamment, l’agronome m’a laissé entendre que les villageois ne faisaient pas nécessairement attention à ces questions, et ne seraient peut-être même pas en mesure de dire quelle quantité de grains ils ont récolté … données qui pourtant peuvent influer grandement sur leur capacité à se nourrir pendant la période dite « de soudure », entre deux récoltes.

Lors de son prochain déplacement au village l’agronome va donc essayer de questionner les habitants, étudier également les modes de stockage et ainsi évaluer si une intervention dans ce cadre est nécessaire, et nous tiendra au courant.

Les discussions autour de ce sujet nous ont amené à discuter de projets portés par le CEAS dans plusieurs villages : la gestion réfléchie des stocks de céréales par une forme de « coopérative » au sein d’une banque de céréales, outil qui permet de lutter contre la montée des prix des grains en période difficile, en fonctionnant suivant à peu près le même principe qu’un « prêteur sur gage » :

on place un sac de grains à la banque quand le prix des grains est au plus bas, en septembre octobre, alors même que c’est la période à laquelle on a besoin d’argent, par exemple pour les frais de scolarité ; en retour on reçoit les liquidités correspondantes.

Et quand le prix du grain augmente, en période de soudure, on peut revendre tout ou partie du grain déposé à la banque au prix du marché, rembourser ainsi à la banque l’argent qui avait été prêté, et verser une commission définie au départ par la coopérative, tout en conservant les bénéfices ; ou bien simplement racheter, au prix fixé lors du dépôt, le grain mis en dépôt pour pouvoir le consommer sans pâtir de la hausse des prix.

Le process, simple mais efficace, permet de lutter contre la spéculation, responsable de la hausse des prix du grain en cas de mauvaises récoltes ou en période de soudure, tout en garantissant un suivi et une bonne conservation des grains dans des conditions optimales (bâtiments de stockage adapté, nettoyé régulièrement, et suivi des stocks par un personnel formé).

Il n’est bien sûr pas question pour le moment de se lancer dans un tel projet, qui nécessite l’adhésion d’un grand nombre de participants, un gestion rigoureuse et un investissement de départ conséquent, tant matériellement que financièrement, mais il est bon de savoir que ce système existe, que le CEAS peut aider à l’encadrement et la gestion, et fonctionne bien. Car il faudra peut-être envisager de le mettre en place au sein du village un jour.

Encore des discussions et des sujets très intéressants, donc, qui amènent à réfléchir aux solutions existantes pour pallier des problèmes très concrets, comme la sécurité alimentaire et la conservation des récoltes.

Nous avons ensuite pris congé, et profité de notre présence au CEAS pour acheter un lot de savons à la boutique, Puis Salif et moi sommes allés nous poser dans un maquis, pour préparer la journée de mercredi (déplacement au village, qui nécessite de trouver un chauffeur et de contacter le gendarme qui nous tiendra compagnie). Bien installés, nous avons une fois de plus longuement parlé de toutes sortes de sujets, évoquant entre autres mes précédents séjours.

Puis nous sommes allés visiter le musée de la musique, visite qui s’est une fois de plus révélée très instructive, tant par la diversité des instruments présentés, que par le rôle sacré de certains d’entre eux et leur place au sein des cérémonies. Encore un pan de la culture africaine à découvrir par ce biais !

Enfin, nous nous sommes séparés en fin de journée.


Facebook
Facebookmail


Ecrit février 11, 2019 par president dans la catégorie "Carnet de bord

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.